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La finition des cuirs est conditionnée par l’état de surface de la peau avant tannage. S’il est parfait, il n’est pas nécessaire de lui appliquer de finition pour modifier son aspect. On peut se contenter d’une « finition » plongée, le cuir est teint dans un bain de colorants mais ne reçoit pas de revêtement filmogène à sa surface.
Pour les cuirs qui reçoivent un revêtement, son épaisseur et sa transparence devront être adaptées dans le but de masquer les défauts.
Il faut tout de même retenir que plus la finition est fine et transparente, plus le cuir restera fragile, sensible aux agressions extérieures, que son usage et son entretien seront plus délicats.
En contrepartie, il prendra une plus belle patine.
Avant la finition des cuirs, bref retour sur le tannage
Les premières opérations de tannage ont consistées à éliminer l’essentiel de l’épiderme contenant les poils ainsi que les tissus sous-cutanés pour ne conserver quasiment que le derme, voir l’article Qualités des cuirs et des matériaux alternatifs.
Les phases suivantes du tannage ont permis de rendre imputrescibles les peaux, leur conférer l’essentiel de leurs propriétés physiques, mécaniques. A ce stade, selon le processus de tannage, s’il est végétal, les peaux sont blanches (Wet white), s’il est minéral, elles sont bleues clair (Wet blue). Voir l’article traitant du Tannage végétal versus minéral.
Des finitions qui n’en sont pas: les cuirs naturels et les cuirs plongés
Cuirs naturels
Contrairement aux idées reçues, le cuir dit « naturel » n’est donc pas nécessairement beige à brun. Seule une famille de cuir au tannage végétal prend cette couleur précisément en présence des tannins, sans recevoir d’autre coloration.
En tannerie, la notion de cuir naturel fait référence à des cuirs qui n’ont pas reçus de « finition », plus précisément qui ne sont pas protégés par un revêtement filmogène.
Ils gardent cette appellation s’ils subissent une simple coloration par teinture, voir plus bas les finitions plongées.
Dans le cas général des cuirs tannés minéral qui sont majoritaires (80 à 85% de la production mondiale), la finition appliquée est destinée à donner une couleur, un touché, à protéger de l’encrassement, des taches, des rayures et de la décoloration produite par la lumière.
Cuirs plongés
Destinée aux cuirs de très haute qualité, pleine fleur. Généralement, ce type de finition est fréquente sur l’agneau, sa laine le protège bien des piqures et blessures, on la rencontre parfois sur le veau.
La finition plongée fait référence à une « finition » par trempage dans un bain de teinture à base de colorants.
En réalité, on ne devrait pas parler de finition, car aucun revêtement ne reste en surface, contrairement à la finition aniline, qui bien que peu épaisse, est filmogène.
Ces cuirs sont magnifiques mais très fragiles.
Attention à l’appellation cuir Napa ou Nappa: peu présente en maroquinerie, plus fréquente dans l’habillement, il s’agit aussi d’un cuir plongé mais la fleur peut avoir été corrigée et revêtue.
Les finitions du cuir avec revêtement filmogène
Cuirs finition aniline
Réservée là encore aux meilleures qualités de cuir, l’épaisseur de la finition sera faible, de 5 à 15 microns, ce qui permet de préserver un contact visuel, une transparence et un touché quasiment direct avec la peau, mais il sera fragile à l’usage, délicat à l’entretien.
La terminologie « finition aniline » fait référence à la notion de colorants. Historiquement, l’aniline est un produit de la synthèse chimique qui avait l’avantage de pénétrer la matière, donc de colorer en conservant beaucoup de transparence. Un inconvénient mineur : une faible tenue à la lumière, un inconvénient majeur : hautement toxique pour l’homme et l’environnement.
Précisions à propos des pigments et des colorants : les pigments sont opaques, ils se dispersent sans se dissoudre dans un milieu liquide. Les colorants quant à eux sont solubles, dans l’eau ou d’autres solvants, c’est la raison pour laquelle ils pénètrent davantage, tout en offrant une transparence.
De nouvelles familles de colorants ont remplacées l’aniline, mais la terminologie « aniline » est restée dans les usages.
Cuirs finition pigmentée
Appliquée sur des cuirs pleine fleur qui ont conservés davantage de défauts et sur ceux dont la fleur a été corrigée: cela nécessite d’appliquer un revêtement masquant, opaque, à base de pigments, d’une épaisseur de 50 à 80 microns.
Le cuir perd en élasticité, en souplesse, cela peut favoriser sa déformation et dans les cas extrêmes, on devrait plutôt parler de cuir « peint ».
Le revêtement fait perdre au cuir en « respirabilité », son aptitude à réguler son humidité naturellement.
Le seul bénéfice d’une finition « épaisse » est qu’elle protège davantage de l’encrassement et de la décoloration, qu’elle facilite l’entretien.
Cuirs finition semi-aniline
Elle nécessite des cuirs de qualité: c’est un compromis entre les finitions précédentes: cette finition reste de faible épaisseur (généralement 15 – 25 microns) mais l’appoint de pigments en faible quantité uniformise l’aspect et rend le cuir plus résistant aux agressions extérieures (rayures, taches, salissures, décoloration par la lumière).
Les traitements mécaniques
Cuirs lisses et grainés – grainage naturel ou assisté
La surface de la peau des bovins, ovins et caprins débarrassée de l’épiderme et des poils est assez similaire à la peau humaine :
Peau humaine
Cuir de veau


on observe une sorte de quadrillage plus ou moins régulier ainsi que des pores. Le relief est assez faible.
Toutefois, un passage en foulon (tambour rotatif industriel semblable à celui d’un sèche-linge) va provoquer grâce à l ’appoint d’air chaud une expansion de ce relief, ce qui est le cas du cuir de veau à droite. L’appellation commerciale de ce procédé est grain foulonné ou naturel. Le grain est moins marqué, et moins régulier que pour le procédé qui suit.
On trouve également l’appellation grain « assisté »: il s’agit cette fois d’une action mécanique qui consiste à comprimer le cuir à chaud sous une plaque ou un cylindre gravé du relief que l’on souhaite obtenir. La photo ci-dessous montre la démarcation de la zone de gravure d’un grain assisté sur un cuir lisse.


Le grainage assisté permet aussi de masquer les imperfections à la surface du cuir.
Le procédé du grain assisté peut contribuer à densifier la surface, ce qui est un atout, mais présente le risque de « masquer » l’emploi d’un cuir dont la fleur a été corrigée.


Le grainage quel que soit son procédé rend le cuir moins sensible aux rayures. Le grainage est pratiqué en tannerie avant ou pendant le cycle de finition, après le tannage